A trop presser les nuages
Kady et Gédéon devant une flaque.
Un cône de chantier juste à côté. Pour que les gens ne marchent pas dans l'eau.
Gédéon : Et pourquoi tu passes ton temps à regarder cette flaque ?
Kady : Pour voir le monde à l'endroit.
Gédéon : Hein ?
Kady : Maman dit toujours « C'est le monde à l'envers.»
Gédéon : Et ?
Kady : Ben moi j'aime bien le regarder à l'endroit.
Cours de l'école.
Kady sous un platane un peu trop élagué.
Voix off : Kady est tarée ! Kady est tarée ! Kady est tarée ! Kady est tarée ! Kady est tarée ! Kady est tarée !
Les voix se taisent.
Kady : Toujours la même chanson. Pas très élaborée. Au moins, comme ça, ils peuvent tous retenir les paroles.
Un temps
Kady : L'avantage c'est qu'ils se lassent vite. En fait, passent juste comme une nuée de pigeons à qui on jette des miettes de pain d'épice. Stupides. Pas les pigeons, eux.
Elle enlace le platane. Gédéon arrive.
Gédéon : Qu'est-ce que tu fais ?
Kady : Un câlin à mon pote Bernard.
Gédéon : T'es tarée.
Kady : Parait.
Gédéon : En plus tu lui as donné un nom.
Kady : Et ?
Gédéon : Et ?! C'est un arbre ! On donne pas de nom aux arbres ! Pis Bernard... ça lui va pas du tout !
Kady : Moi je trouve que si. Il est costaud et chauve. Comme Bernard, le monsieur du ménage.
Kady et Gédéon arrivent devant la flaque. Toute petite.
Le cône est là, mais inutile.
Kady vise, crache. Gédéon vise, bave.
Kady a une chaîne de moto fermée par un cadenas autour du cou.
Kady : T'as été croisé avec une limace ?
Gédéon : Non. Et toi, tu lances une mode ?
Kady : C'est classe, non ?
Gédéon : Particulier.
Kady : T'y connais rien. Les limaces, ça connaît rien à la mode. Les garçons non plus. Les garçons ça met des chaussettes de tennis dans des chaussures de ville parce que c'est confortable. T'as qu'à voir.
Gédéon : C'est vrai que c'est confortable. Et pas beaucoup plus moche qu'une grosse chaîne huileuse autour du cou.