Au pied du grillage pousse un oranger
Parfois, ce qui est censé nous séparer, au contraire nous réuni.
C’est ce qu’il se passe pour Marty et Emma. Chacun de part et d’autre d’un immense grillage surmonté de barbelés, ils se trouvent. Puis se retrouvent. Tous les jours. Échangent des petits bouts de bonheur. Presque rien. Jour après jour, leur amitié grandit. Prend racine. Tout comme l’oranger planté là par Emma, au pied du grillage. Pied de nez poétique à cette absurdité métallique.
Sans ce grillage, leur rencontre n’aurait certainement jamais eu lieu. Marty serait resté chez GranMa, sa grand-mère. À la regarder éplucher des pomme-de-terres tandis que sa télé diffuse des images sans le son. Il serait resté avec elle parce que personne d’autre ne veut de lui.
Sans ce grillage, Emma et sa famille auraient continué leur route. Peut-être se seraient-ils retrouvés enfermés derrière un autre du même type. Ou alors derrière des murs...
Ce texte, je l’ai voulu rempli de tendresse. Certainement parce qu’il en manque cruellement à beaucoup.
Je l’ai aussi voulu saupoudré d’espoir. Celui de trouver quelqu’un sur qui se reposer alors que tant d’autres nous rejettent. Celui de trouver du bonheur même où il n’est pas censé être. Celui de reprendre sa liberté lorsqu’on nous l’a dérobé...
Philippe Gauthier